Balzac, le père goriot (1835) iv, excipit du roman. modèle actantiel
(1835)
IV, excipit du roman.
[Eugène de Rastignac, étudiant pauvre mais ambitieux, assiste ici aux obsèques du père Goriot.
Logé comme lui à la pension Vauquer, ce vieillard est mort sans que ses deux filles, pour lesquelles il éprouve un amour passionné, se soient déplacées à son chevet. Eugène a été le témoin compatissant de cet abandon.]
Les deux prêtres, l'enfant de choeur et le bedeau vinrent et donnèrent tout ce qu'on peut avoir pour soixante-dix francs dans une époque où la religion n'est pas assez riche pour prier gratis. Les gens du clergé chantèrent un psaume, le
Libera, le De profundis. Le service dura vingt minutes. Il n'y avait qu'une seule voiture de deuil pour un prêtre et un enfant de choeur, qui consentirent à recevoir avec eux Eugène et Christophe.
- Il n'y a point de suite, dit le prêtre, nous pourrons aller vite, afin de ne pas nous attarder, il est cinq heures et demie.
Cependant, au moment où le corps fut placé dans le corbillard, deux voitures armoriées, mais vides, celle du comte de Restaud et celle du baron de
Nucingen , se présentèrent et suivirent le convoi jusqu'au Père-Lachaise. A six heures, le corps du père Goriot fut descendu dans sa fosse, autour de laquelle étaient les gens de ses filles, qui disparurent avec le clergé aussitôt que fut dite la courte prière due au bonhomme pour l'argent de l'étudiant .
Quand les deux fossoyeurs eurent jeté quelques pelletées de terre sur la bière pour la cacher, ils se relevèrent, et l'un d'eux, s'adressant à Rastignac, lui demanda leur pourboire. Eugène fouilla dans sa poche et n'y trouva rien, il fut forcé d'emprunter vingt sous à
Christophe. Ce fait, si léger en luimême, détermina chez Rastignac un accès d'horrible tristesse. Le jour
Sujet : Rastignac (Eugène, l'étudiant). Sa position, son regard commandent la description. C'est à lui que l'on s'adresse, c'est lui que nous suivons, la cérémonie terminée. Ses émotions,