Autoestima
On dit que nous sommes ce que nous mangeons. À en juger d'après la composition de certains des produits que nous ingurgitons, il faudrait se mettre à trembler. Comme certaines choses qui sortent de la bouche des distributeurs pour les moments dans lesquels les uns s'alimentent, avant tout, rapidement. Tout de suite les problèmes arrivent. Personnels. Sociaux. Occidentaux. D’obésité.
Raquel a 15 ans et ne peut pas attacher les lacets de ses chaussures. Elle mesure 1,72m et sa mère lui fait ses pantalons sur mesure. Elle pèse 110 kilos et a seulement des amis sur Internet; tous du Pérou, pour qu'il n'y ait pas de possibilité de rencontre.
Raquel est une fille à qui l'excès de kilos lui a volé l'éclat de son regard.
Elle ne veut pas sortir dans la rue. Elle ne se lave plus non plus. Le soir elle revient de classe en pleurant. "Grosse dégoûtante, tu sens mauvais". C’est ce qu'elle entend à l’école. Ça fait 10 ans qu’elle lutte contre la balance, elle a fait mille et un régimes, mais il n'y a rien à faire.
La mère de Raquel, serveuse d'hôtel, ne sait plus quoi faire. Elle le raconte parmi les murs blancs et nus d'un centre médical de la périphérie sévillane, avec la marque d'une vie dure écrite sous ses cernes, noires, profondes. Elle s'est séparée il y a deux ans du père, aussi obèse.
Raquel et son père avaient l'habitude de rivaliser avec les régimes. Pour voir qui mincirait le plus. Aussitôt qu'elle commençait à recevoir de bons messages de la balance elle recommençait à abandonner les bonnes coutumes : adieu aux légumes, adieu aux légumes verts (pois chiches, lentilles, cacahuètes, soja, haricots, petit pois...).
Elle est toujours sur la défensive, de mauvaise humeur, sans envies de rien, selon ce que raconte sa mère, qui pense lui offrir une opération de réduction d'estomac. Cela après qu’elle lui prenne rendez-vous avec la psychiatre.
Joseba Elola y Patricia Ortega Dolz , www.elpais.com, 8 de Abril de