Aucum
Réévaluation des rapports entre politique, morale et réussite
Politique et réussite
" Réussir " en politique peut avoir deux sens :
Toute action politique vise à instaurer ou à préserver un certain ordre social. Cet ordre idéal (qu'il soit démocratique ou totalitaire) s'exprime le plus souvent dans une doctrine théorique et un programme pratique. Réussir en un premier sens, c'est réaliser cet idéal, appliquer ce programme. Mais pour cela, il faut être en position pour prendre les décisions qui s'imposent, donc il faut avoir réussi en un deuxième sens.
Réussir en politique, c'est s'imposer en obtenant le pouvoir et en le conservant.
Sans réussite au sens (2), il n'y a pas de réussite au sens (1). On pourrait imaginer une politique qui serait systématiquement inefficace, soit parce que son programme serait irréalisable, soit parce que ses techniques pour gagner ou conserver le pouvoir seraient irrémédiablement suicidaires. Mais peut-on imaginer une politique délibérément conçue pour être inefficace par ses partisans eux-mêmes ? Une telle politique serait absurde et, probablement, pas même considérée comme une politique. En ce sens, même si la réussite n'est pas, en elle-même, la fin de la politique, elle en est au moins un moyen.
Politique et morale
(1) Du point de vue de la réussite au sens de " réaliser son idéal ", tout idéal politique suppose une certaine conception de la morale.
Prenons par exemple l'idéal démocratique. La démocratie est un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. Cela suppose, du point de vue moral, que les individus adoptent une certaine " manière d'être ensemble " fondée sur le principe de l'égalité. Par ailleurs, cela suppose un engagement mutuel des