Au commencement de l'infirmier
M. Nadot
Une lecture ethnohistorique des fondements de l’activité soignante situe ses origines d’abord autour du feu, puis du foyer, de la maison, et enfin de l’hôpital. Prendre soin de l’humain, du groupe et du domaine définit l’approche tridimensionnelle de l’activité soignante. L’infirmier(ère) est un intermédiaire culturel et le métier infirmier, un
« intermétier ». L’activité soignante n’est jamais stable, mais dépend du langage des bénéficiaires de …afficher plus de contenu…
Soigner était déjà « être entre » et supposait d’établir des collaborations multiples. On peut voir par exemple que si, par une pratique de déplacement, l’espace-temps se modifie, les interlocuteurs se font plus nombreux. En 1828, par exemple, un infirmier (frater) pouvait quitter l’hôpital pour aller faire des visites
« dans le lieu du domicile ».
La personne soignante employée à l’hôpital laïc de la ville de Genève ou à celui de Fribourg, par exemple, et qui ne s’appelait ni « infirmière » ni Krankenschwester
(« sœur des malades » – NDLR), car l’Église n’avait pas encore colonisé le champ laïc de la pratique des soins, devait évoluer au milieu de personnes aux statuts …afficher plus de contenu…
Comme le mentionne Nonaka, traduire le savoir tacite en savoir explicite implique de trouver un moyen d’exprimer l’inexprimable [14]. Dans une société où la seule certitude est l’incertitude, l’unique source d’avan- tage concurrentiel durable est le savoir. Il me semble urgent, sur le plan de l’autonomie de la production de nos connaissances, de pouvoir se positionner au sein de la cité scientifique et de participer à la compétition engagée en termes de recherche d’avantage concurren- tiel. Sinon, d’autres se chargeront de le faire en nous imposant, comme par le passé, une domination cultu- relle scientifique ne nous appartenant pas.
Pour éviter l’affichage de façade du discours interdis- ciplinaire parfois à la mode, il est évident, comme