Au bonheur des ogres
L'écrivain français Vercors (Henri Bruller, 1902-1992) a donc publié, en 1952, le roman qui nous occupe. La catégorie dont il relève pourrait s'appeler "roman dialectique". Cela ne signifie pas qu'il soit par trop sérieux ou pédant, car l'auteur se doit d'ajouter humour, pittoresque, sentiment et suspens. Les call-girls d'Arthur Koestler sont un autre bon exemple. Le but est d'approfondir un débat à la fois scientifique et philosophique qui passionne l'auteur, sans que ses opinions soient arrêtées. Alors il met en scène un débat formel, dans le cadre d'un procès ou d'un colloque, où des témoins et des experts sont cités, où des personnages défendent avec talent des points de vue opposés.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, une équipe de préhistoriens britanniques découvre, dans un recoin quasiment inexploré de la Nouvelle-Guinée (qui reste, aujourd'hui encore, un des secteurs les moins accessibles de la planète) une population de pithécanthropes bien vivants. Un certain nombre de ces "tropis" peuvent être capturés, ou apprivoisés, et emmenés en Angleterre. Ils se montrent d'ailleurs étonnamment dociles et placides.
Et on s'interroge sur leur statut, humain ou animal, et on les teste... avec les connaissances de l'époque, dépassées aujourd'hui.
"En revanche, Pop est vraiment parvenu à leur apprendre à dire cinq ou six mots d'anglais - l'anglais d'un enfant de trois ans. (...) Mais cela ne prouve encore rien, paraît-il. Il y a des années, m'a dit Pop, qu'un nommé Furness est parvenu à