Appolinaire
Apollinaire naît à Rome en 1880, et meurt en 1918, à 38 ans, dans l’épidémie de grippe espagnole qui ravage Paris. Après avoir été soldat dans l’artillerie à la Grande guerre, blessé à la tête et trépané en 1916.
Guillaume Albert Wladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky est le fils naturel d’une jeune camériste polonaise de 22 ans. Son père Francesco Flugi d’Aspremont, ancien officier de l’armée royale des deux Siciles, bel officier séducteur qui ne le reconnaît pas et se sépare de sa maîtresse en 1885. Il passe son enfance à Monaco et à Cannes, fait sa rhétorique au lycée de Nice, puis s’installe avec sa mère et son plus jeune frère à Paris en avril 1889.
Sa mère mène une vie décousue et bohème prétendument aristocratique. Elle change souvent de meublés. Il lui arrive aussi de changer de nom.
Apollinaire et Marie Laurencin passaient souvent par le pont Mirabeau, un chef-d'oeuvre de technique et d'élégance architecturale qui avait été construit entre 1893 et 1896 pour relier directement les quartiers d'Auteuil et de Passy, rive droite, avec ceux de Javel et de Grenelle, rive gauche, dont la construction avait causé un scandale, certains voulant sa destruction. Mais il a résisté, ce qui n’est pas indifférent dans le cadre du poème.
Il était devenu emblématique de leur amour. Leur couple rompu, le pont inspira au poète une méditation lyrique sur la fuite du temps et de l'amour, méditation dans laquelle il balança entre la résignation douloureuse au changement inévitable et un espoir violent de permanence. Dans une lettre à Madeleine Pagès (1915), il a dit du poème, qu’il est comme «la chanson triste de cette longue liaison