Apologie de Socrate abrégé
Apologie de Socrate1
Traduction, notices et notes par Émile Chambry
La Bibliothèque électronique du Québec
Collection Philosophie
Volume 3 : version 1.01
Préambule
Socrate était parvenu à l’âge de soixante-dix ans lorsqu’il fut accusé par Mélètos,
Anytos et Lycon de ne pas reconnaître les dieux de l’État, d’introduire de nouvelles divinités et de corrompre la jeunesse. La peine requise contre lui était la mort.
Dans ce concert d’accusateurs, Mélètos représentait les poètes, Anytos les artisans et les hommes politiques, Lycon les orateurs, tous gens dont Socrate, en mettant leur savoir à l’épreuve, avait choqué l’amour-propre et suscité les rancunes.
Première partie
XI. – Sur les accusations portées contre moi par mes premiers accusateurs, je vous en ai dit assez pour me justifier. Maintenant c’est à Mélètos, cet honnête homme si dévoué à la cité, à ce qu’il assure, et à mes récents accusateurs que je vais essayer de répondre. Faisons comme si nous avions affaire à des accusations nouvelles et donnons-en le texte comme pour les premières. Le voici à peu près : « Socrate, dit l’acte d’accusation, est coupable en ce qu’il corrompt la jeunesse, qu’il n’honore pas les dieux de la cité et leur substitue des divinités nouvelles. » Telle est l’accusation ; examinons-en tous les chefs l’un après l’autre.
L’accusateur me déclare coupable de corrompre la jeunesse. Et moi,
Athéniens, je dis que c’est Mélètos qui est coupable en ce qu’il se fait un jeu des choses sérieuses, lorsqu’il traduit les gens en justice à la légère et fait semblant de s’appliquer et de s’intéresser à des choses dont il ne s’est jamais
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Texte modifié et abrégé pour les besoins du cours
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mis en peine. Que ce soit là l’exacte vérité, c’est ce que je vais essayer de vous montrer. XII. – Approche ici, Mélètos, et réponds. N’attaches-tu pas une grande importance aux moyens de rendre les jeunes gens aussi vertueux que possible ?
– Si.
– Eh bien, allons, dis à ces juges quel est celui qui les