Booz endormi. (extrait)

Provenant du recueil d’inspiration biblique intitulé La légende des siècles, Booz endormi, poème construit en quatrains, est le portrait d’un des personnages du livre de Ruth. La description qu’en fait Victor Hugo est celle d’un agriculteur, vieillard vertueux et homme juste. Il s’agit d’une sorte d’éloge de la vieillesse. Le cadre nocturne apporte une sérénité et un calme en parfait harmonie avec le personnage.

Il est intéressant de relever la comparaison présente dans la troisième strophe « sa barbe était d’argent comme un ruisseau d’avril », dont le thème est la barbe, le phore est un ruisseau d’avril, relié tous deux par le copule comme et ayant pour point de comparaison d’argent. Attribuer la couleur argentée à une barbe est un phénomène presque catachrésique, cela propose en tout cas une image assez stéréotypée, mais Victor Hugo dynamise cela avec une comparaison étonnante. En effet, la barbe argentée fait référence à un certain âge, plutôt avancé, tandis que le ruisseau d’avril fait référence au printemps et donc à la jeunesse, à la vivacité. Rapprocher ces deux oppositions donne alors à la vieillesse une dimension animée, vive qu’elle n’a pas coutume d’avoir, il s’agirait alors d’une comparaison oxymorique. Le dynamisme du cours d’eau et de la période printanière est attribué au vieillard dont le poème fait une esquisse.

Dans la strophe qui suit la précédente, Victor Hugo écrit « ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques ». Il s’agit d’une identification entre les sacs de grains –thème– et les fontaines publiques –phore– dont le copule est une forme conjuguée du verbe d’équivalence sembler. Cette identification n’est pas motivée car le point de comparaison est absent dans ce vers, bien que la présence du participe présent ruisselant dans le vers précédant ne soit pas due au hasard. En effet, cette identification crée un sentiment de bonté ainsi qu’une certaine abondance. Cette sensation d’abondance est créée