Analyse des "madeleines" de proust
Le souvenir dont l’auteur a tant de mal à se remémorer fait irruption dans cette fin de texte. Celle-ci repose sur la comparaison, représentée par les deux parties de la phrase ; chacune introduite par les mots-liens « et comme » (l. 89) et « de même » (l.93). La culture japonaise, à 1000 lieues de l’univers de Combray, sert de base à cette comparaison. En effet, l’auteur fait référence à son raffinement, illustré par la porcelaine et par ce qui pourrait être le jeu, l’origami. De plus, l’allitération en /j/ (« jeu », « Japonais » (l.90)) exprime l’exotisme propre à la culture japonaise et le jeu de sonorité entre les bilabiales /p/ et /b/ évoqueraient l’eau dans laquelle trempent les « petits morceaux de papier » (l.91). A la ligne 92, les « petits morceaux de papier » rappellent le « morceau de madeleine » de la ligne 81. Cette anaphore ouvre ainsi la voie à la métaphore : les petits morceaux de papier sont trempés dans la porcelaine remplie d’eau, tout comme l’étaient les petits morceaux de madeleine dans le thé (l. 91). En outre, l’emploi du présent donne au lecteur l’impression d’assister à la scène ; le souvenir est toujours là, vivace et ressurgit dans l’instant présent. Puis, l’apocope de « c’est à peine » en « à peine » souligne un sentiment d’accélération, laquelle est accentuée par le pronom adverbial « y » qui renvoie à la tasse de thé. La ligne 92 énumère des verbes réflexifs sauf le dernier (« s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient ») ; les virgules procurent notamment un effet rythmique. Cette énumération traduit l’état successif du déploiement de l’origami. La ligne 93 présente un jeu d’écho porté sur les termes génériques ; une allitération en /d/ fait d’ailleurs son apparition et met en évidence cet effet d’écho entre les termes génériques utilisés avec un article indéfini (« des fleurs », « des maisons », « des personnages ») et les termes précis («