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« Comment j’ai eu du succès… »
« C’était en 2005. Depuis dix ans, j’avais publié des livres qui n’avaient connu qu’un modeste succès public. Mais avec mon « Dictionnaire égoïste de la littérature française », ce fut la suprise… Comme vous le savez, les livres de la rentrée sont envoyés avant l’été à la critique. Début juillet, Bernard Frank, dans « Le Nouvel Observateur », l’a d’emblée élu meilleur livre de l’année. Alors qu’il n’était même pas sorti ! Partout ailleurs dans la presse, j’ai eu le même genre de pré-articles dithyrambiques, notamment dans “ELLE“. En plein milieu de l’été, on me parlait déjà de prix littéraire… Quand je suis revenu de vacances, ce qui était charmant est devenu délicieux. Le livre était en tête des ventes de « L’Express » : il y est resté 27 semaines. Il a reçu cinq prix. Tout le monde me voulait, les journaux, les radios. On m’invitait à déjeuner en ville. Des gens qui m’ignoraient auparavant me réclamaient à leur table comme objet décoratif. Cela a pris des proportions étonnantes quand le Premier ministre m’a invité à Matignon pour parler de littérature... Plus touchant, le déferlement de courrier : des lettres affectueuses, admiratives, pleines d’amour. En même temps, j’ai ressenti le vent glacial de la jalousie. Cela se manifestait parfois chez des gens très proches : « J’espère que ça ne va pas te changer… » Mais c’est eux qui avaient changé ! Je n’ai pas eu le temps de profiter de ce succès tellement tout est allé vite : promotion, signatures, conférences... Cela m’a occupé toute une année. Mais je ne vais pas me plaindre. Tenessee Williams a parlé de “la catastrophe su succès“ : je trouve ça bien chipoteur. J’ai été très content de connaître cette catastrophe… »
Recueilli par Patrick Williams
« Dictionnaire égoïste de la littérature française », de Charles Dantzig (Grasset,