Ambition
L’ambition a, souvent à juste titre d’après P. Valadier, très mauvaise réputation. On reproche aux ambitieux leur matérialisme et leur égoïsme. Leur volonté de réussir les conduirait à mépriser leurs semblables. En fait, d’après P. Valadier, les gens très ambitieux privilégient tellement leur propre succès qu’ils ruinent en fait les valeurs sur lesquelles la société repose. Émile Zola a lui aussi constaté cette dérive dans son roman Au Bonheur des Dames : pour réaliser son rêve de succès commercial, le personnage d’Octave Mouret en vient à dépersonnaliser les femmes qui fréquentent son immense magasin. Il ne considère plus ses clientes que comme les membres d’un culte dont il serait le chef, il n’envisage pas les femmes comme des individus mais comme une masse informe, presque comme un troupeau d’animaux. Le protagoniste de la chanson « Je m’voyais déjà » est lui aussi tellement obnubilé par son rêve de réussite, qu’il en vient à envisager les personnes comme de simples instruments de sa réussite, songeant à ses futures admiratrices comme à de véritables trophées symbolisant son succès. Le personnage évoqué par Charles Aznavour semble donc complètement obsédé par son ambition au point d’en oublier tout le reste. Il en vient même, afin de réussir, à sacrifier ses maigres économies. Il n’est d’ailleurs pas le seul à adopter un comportement à risque à cause de son ambition. Le protagoniste de la chanson de Téléphone n’hésite pas, en effet, à prôner un comportement destructeur pour faire advenir l’autre monde auquel il aspire.
Même si on est prêt à tout pour réaliser ses rêves, on risque cependant d’échouer et d’être confronté à une grave désillusion. L’autre monde évoqué par le groupe Téléphone est certes attractif, mais il semble bien chimérique. P. Valadier souligne quant à lui à quel point la poursuite d’une ambition peut s’avérer nocive tant elle implique de sacrifices et