Alphabétisation, démocratisation... paix
L'alphabétisation est aussi à l'origine de secousses politiques inévitables. Comme les Européens à l'époque des guerres de religion entre protestants et catholiques, les habitants d'Iran et d'ailleurs se sentent l'envie de secouer les vieilles structures sociales dès lors qu'ils acquièrent avec l'alphabétisation une conscience politique. Mais ces poussées de fièvre ne durent pas et laissent la place à une phase de démocratisation ainsi qu'on peut l'observer aujourd'hui en Iran.
Pour Emmanuel Todd, il ne fait donc guère de doute que la combinaison de l'alphabétisation et de la maîtrise de la fécondité devrait mener à terme tous les pays concernés vers des sociétés apaisées comme celles de l'Europe occidentale contemporaine.
Le monde serait-il donc en voie d'atteindre un état démocratique stable ainsi que le suggérait l'essayiste Fukuyama il y a près de quinze ans ? Sans doute pas car les pays développés évoluent eux-mêmes vers des formes post-démocratiques qu'illustrent l'accroissement des inégalités sociales depuis deux décennies en Europe comme aux États-Unis ainsi que les clivages politiques entre une oligarchie qui tient le pouvoir et une plèbe découragée de s'y associer.
Le deuxième facteur de risque, pour Emmanuel Todd, est la situation de dépendance économique dans laquelle seraient tombés les États-Unis. Tandis que les économistes conventionnels s'extasient sur les performances de la première puissance du monde, l'historien note que le déficit commercial américain a plus que triplé dans la dernière décennie pour atteindre des montants