Albert camus
« Il y avait un mystère chez cet homme, et un mystère qu’il voulait éclairer » : cette phrase est l’une de celles qui devaient entrer dans le texte du livre qu’Albert Camus a laissé inachevé quand sa vie a été interrompue par un accident de voiture. Le manuscrit de cet ouvrage, intitulé Le Premier Homme, a été retrouvé dans sa sacoche, le 4 janvier 1960. Etabli par sa veuve, Francine Camus, publié par sa fille, Catherine Camus, et par les éditions Gallimard en 1994, ce texte contient aussi cette phrase, qui résume l’entreprise littéraire de l’auteur : « Ecrire pour retrouver la vérité ». Cette vérité, c’est celle d’une vie, de sa vie. Cette vie fut d’abord difficile : Albert Camus est né le 7 novembre 1913 dans une Algérie de plus en plus déchirée ; l’année suivante il a perdu son père victime de la guerre ; il a été élevé par une mère pauvre et courageuse, à laquelle il a rendu hommage ; il a été jeune atteint de tuberculose, à l’âge de 17 ans. Et pourtant il écrira plus tard : « J’ai grandi dans la mer et la pauvreté m’a été fastueuse, puis j’ai perdu la mer, tous les luxes alors m’ont paru gris, la misère intolérable. Depuis j’attends ». Venu en France, installé à Paris en 1940, il s’y est fait connaître comme journaliste, comme homme de théâtre, comme écrivain surtout, proche des existentialistes sans se confondre avec eux. La pensée de Camus a évolué en partant du thème de l’absurde, que, philosophe de formation, il a défini comme la confrontation entre le silence du monde et le désir de clarté de l’homme. L’Etranger (1942), récit d’une sobriété toute classique, décrit l’existence médiocre d’un employé de bureau d’Alger, Meursault, indifférent à tous les événements d’une vie dont il ne comprend pas le sens. Condamné pour avoir tué un Arabe sur une plage, dans une quasi-inconscience, il a, en prison, la révélation de l’absurde et passe ses derniers instants à jouir des dernières sensations de cette vie. Refusant toutes les attitudes