Alabatros
I/ Les dissonances
La cruauté exprimée par le poème est d’abord repérable dans la construction.
1/ Dissonance entre le fond et la forme
· Apparence lisse et régulière : 4 strophes de 4 vers chacune = harmonie.
Mais : coupes irrégulières aux v. 3 et 5.
=> Rythme faussé, premières brisures.
· Rimes bancales de la 3e strophe : veule – gueule.
=> Mimétisme : vers boiteux comme l’albatros à terre.
· Altère le schéma des rimes croisées dans la dernière strophe = presque des rimes plates. La différence est ici plus graphique que sonore.
=> Comme l’albatros handicapé au sol, le poète perd de sa verve, de sa créativité, quand on le sort de son élément naturel pour le ramener au milieu du « commun ».
· Rupture dans la construction syntaxique : chaque strophe = une phrase sauf la 3e qui est une succession d’exclamatives. Il ne s’agit plus ici d’un souci de construction rigoureuse mais d’une manifestation du désespoir.
2/ Dissonance entre la beauté et la vulgarité
·Paysage maritime = repos, beauté calme, cf. : les albatros sont « indolents ».
Mais : 1e fissure, rime mer / amers => évocation des malheurs liés à cette beauté trompeuse.
·Les compagnons deviennent des prisonniers. Différence entre « qui suivent » et « prennent », détournement du mouvement naturel vers la captivité + « souvent » et présent de vérité générale.
+ à « indolents » fait écho « piteusement ».
· Opposition entre les dénominations et les attitudes
- rois / maladroits
- voyageurs / veule
- piteusement / grandes ailes blanches
- beau / laid
=> Résumé dans un hémistiche au vers 12 (qui est aussi le vers final de la description de l’oiseau) : « l’infirme qui volait ».
=/ La souffrance naît donc de la rencontre de deux mondes antithétiques.
II/ La rencontre de deux univers
1/ L’homme et l’animal
· Ne sont pas nommés dans le même vers :
- v. 1 = hommes.
- v. 2 = oiseau + extension positive qui est plus une description qu’une définition.
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