Agamemnon
La tragédie prit naissance en Grèce, dans les fêtes de Dionysos. Chaque année, on chantait à Athènes un dithyrambe en l'honneur de ce dieu mis en pièces par les Titans : un chorège rapportait quelque partie de la légende religieuse, tandis qu'un choeur de cinquante personnes hurlait en tournant autour d'un autel où l'on immolait un bouc. De là vint le mot tragédie (du grec tragos = bouc, et ôdè = chant), qui veut dire chant du bouc. Selon quelques-uns, les personnages du choeur se déguisaient en Satyres, avec des jambes et des barbes de bouc, pour figurer le cortège habituel de Dionysos. L'auteur du plus beau dithyrambe obtenait en récompense un boeuf, et non pas un bouc, comme l'ont dit Horace et Boileau. Thespis semble avoir, le premier, mis en action, en drame (drama), la légende, qui jusque-là, n'était qu'un simple récit : le choeur suivit son rôle, mais non plus d'une façon continue; de temps en temps un personnage s'en détachait et parlait seul, soit pour répondre aux cris du choeur, soit pour le provoquer à de nouveaux chants. Une seconde et plus importante innovation de Thespis fut de prendre quelquefois le sujet de ses drames en dehors de la légende consacrée, et d'émanciper la tragédie du cercle où la renfermait la religion : c'est ainsi qu'on lui attribue une Alceste. De ce jour, la tragédie, telle que nous la concevons aujourd'hui, était au moins ébauchée; seulement le choeur la remplissait encore presque tout entière. II appartenait aux successeurs de Thespis de réduire l'élément chorégraphique et musical, et de développer au contraire l'action proprement