Adhesion de la turquie à l'ue
L'expression est de l'ancien chancelier Helmut Kohl. Pour le chrétien-démocrate Jean-Louis Bourlanges, «l'identité européenne est née de la conjonction des héritages judéo-chrétien et gréco-romain» - ce qui exclut les terres d'islam. Le caractère musulman de la population turque fait peur. S'il faut en croire Alexandre del Valle, La Turquie dans l'Europe (ed. des Syrtes), cela en fait rien de moins qu' «un cheval de Troie islamiste». La stratégie prœuropéenne des actuels dirigeants d'Ankara, issus du courant islamiste, viserait, selon lui, à «subvertir les valeurs occidentales et à pénétrer l'Union européenne pour mieux mettre fin à l'expérience d'essence occidentale et européenne par excellence que fut le kémalisme». A l'appui de cette thèse, une mesure récente comme le vote d'une loi, ce mois-ci, levant les restrictions pesant jusqu'alors sur l'accès à l'université des élèves diplômés des lycées religieux (imam hatip), soupçonnés par une large partie de l'opinion et par l'armée d'être un vivier de futurs cadres islamistes destinés à noyauter l'appareil d'Etat. Ou la volonté affichée du gouvernement d'autoriser le port du foulard islamique à l'université et dans la fonction publique - vue sur place comme une liberté de choix souhaitée par 2 Turcs sur 3, selon les sondages.
Les partisans de l'adhésion rappellent, eux, que l'Europe compte déjà en son sein 12 millions de citoyens de confession musulmane, «plus que les Belges et autant que les Hollandais», selon le mot de l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit. Et que, sur le continent, deux pays, la Bosnie et l'Albanie, ont une population à majorité musulmane. A l'heure où Al-Qaeda tente de mobiliser la rue musulmane contre l'Occident, Jacques Chirac, partisan, «par conviction profonde», de l'adhésion, souligne un point indiscutable: «Refuser, pour des raisons d'ordre ethnique ou religieux, la Turquie serait faire le jeu de ceux qui prônent le choc des civilisations.»