Adam smith : l’accumulation et la croissance
Pour Adam Smith, l’accumulation des machines implique une augmentation des besoins en main-d’œuvre, et donc une montée des salaires. Mais, selon lui, la loi du marché gouverne aussi la démographie. La hausse des salaires permet aux pauvres de faire vivre leurs enfants et donc d’accroître à terme la main-d’œuvre disponible, provoquant alors une baisse des salaires vers leur niveau antérieur, et permettant que s’accroissent de nouveau le profit et donc l’accumulation. Entre temps, la production s’est accrue, la mortalité infantile a régressé. À notre époque, l’idée que la démographie est régulée par le marché peut sembler naïve, mais Smith note qu’au xviiie siècle, « il n’est pas rare, dans les Highlands d’Écosse, qu'une mère ayant engendré vingt enfants n’en conserve que deux vivants42 ».
Il semble alors que la régulation de la société par le marché mène à l’accroissement des richesses, et à un retour régulier des salaires vers le minimum vital. Smith parle ainsi d'un « salaire de subsistance » qui permet d'assurer la satisfaction des besoins physiologiques de l'être humain, ainsi que ceux de sa descendance, laquelle est nécessaire pour fournir la main-d'œuvre future. Est-ce à dire que les niveaux de vie ne peuvent progresser ? Non, car l’accumulation tire toujours les salaires vers le haut, de sorte que la notion même de « minimum vital », considérée comme une variable sociologique (et non comme un phénomène biologique), évolue vers le haut. Pourquoi ? Parce que, la population s’accroissant, le capital s’accumulant, la division