Abandonner la course, c'est mourir.
Quelle course? Sur quoi est-elle fondée?
Dans le neuvième chapitre de son recueil Les éléments du droit naturel et politique, Thomas Hobbes tente de dresser un portrait fidèle des émotions humaines. Il y explique la provenance de ces sentiments, comment ils naissent chez un individu et dans quelles situations, mais aussi les effets qu’ils peuvent avoir sur ce-dernier et la façon dont ils se manifestent. Il appelle ces états d’âme, qui viennent teinter les actions et la personnalité des hommes, les passions. Si certaines descriptions qu’il fait de celles-ci sont dépassées, et parfois même misogynes, comme lorsqu’il dit que : « les femmes sont plus enclines à pleurer que les hommes, étant plus habituées qu’eux […] à obtenir ce qu’elles veulent » (p. 173), la plupart de ses explications sont encore aujourd’hui dignes d’intérêt.
À la toute fin de son chapitre, Hobbes fait un rapprochement entre la vie humaine et une course à pied. Plus précisément, il compare les passions de l’homme à des étapes ou des éléments de la course. Il nous dit alors qu’ « être résolu à passer outre à un arrêt prévu, [c’est] le courage » (p. 176), ou encore que de « voir un autre tomber, [c’est] la disposition à rire » (p.177). Ainsi, pour pratiquement chaque passion mentionnée dans la première partie du texte, il nous donne un exemple de comportement qui peut être expliqué par celle-ci (comme dans le cas du courage), ou alors d’une situation capable de susciter en nous cet état d’âme (comme dans le cas du rire).
Cependant, la force de cette analogie repose sur le choix en tant que tel des éléments mis en relation. La course est une activation du corps demandant un réel effort sur soi dans le but de dépasser les autres ou de se surpasser soi-même. En comparant cette activité aux états d’âme humains, Hobbes nous rappelle que ces-derniers agissent de façon extrêmement similaire. L’homme, sous l’influence constante de ses