3. (Le 11 décembre 1883, Maupassant publie, dans le journal Gil Blas
Un massacreur de génie, M. de Molke a répondu voici deux ans aux délégués de la paix les étranges paroles que voici : « La guerre est sainte, d’institution divine. Elle entretient chez les hommes tous les grands, les nobles sentiments, l’honneur, le désintéressement, la vertu, le courage et les empêche en un mot de tomber dans le plus hideux matérialisme. » Ainsi se réunir en troupeaux de quatre cent mille hommes, marcher jour et nuit sans repos, ne penser à rien, ne rien étudier, ne rien apprendre, ne rien lire, n’être utile à personne, pourrir de saleté, coucher dans la fange, vivre comme des brutes dans un hébètement continu, piller les villes, brûler les villages, ruiner les peuples, puis rencontrer Maupassant décrit l'armée et ses soldats comme des bêtes, des animaux. Le champ lexical employé le montre bien: on parle de «troupeaux», de «bêtes» continuellement hébétées. Or, ces «brutes» sont comme des esclaves: elles marchent «jour et nuit sans repos». Elles ont l'esprit vide de toute pensée. Elles sont sales, malpropres, pourrissant de saleté et couchant «dans la fange». Elles ont un comportement violent, avec un goût particulier pour le sang: elles se ruent sur les agglomérations «de viande humaine», elles font «des lacs de sang, des plaines de chair pilée, [...] des monceaux de cadavres». L'auteur dénonce la cruauté qu'ont les soldats d'aller «crever» à la bataille, laissant leur famille mourir de faim, se ruer dessus, faire des lacs de sang, des prairies de chair pilée mêlée à de la terre boueuse et rougie, des monceaux de cadavres, avoir les bras ou les jambes emportées, la cervelle écrabouiée sans profit pour personne et crever au coin d’un champ, tandis que vos vieux parents, votre femme et vos