Bel Ami Repas Paysan

un de ses oncles, vieillard aimable et obligeant, qui toute sa vie avait aimé de prédilection le genre de l’apologue, possédait dans sa bibliothèque presque tous les fabulistes, et relisait sans cesse La Fontaine. J’acceptai avec joie l’offre de mon ami : nous allâmes ensemble chez son oncle. Je vis un petit vieillard de quatre-vingts ans à-peu-près, mais qui se tenait encore droit. Sa physionomie était douce et gaie, ses yeux vifs et spirituels ; son visage, son sourire, sa manière d’être, annonçaient

du temps il lisait. C'était un homme de commerce aimable chez qui était resté beaucoup de l'esprit lettré du dernier siècle. Il adorait les contes, les petits contes polissons, et aussi les histoires vraies arrivées dans son entourage. Dès qu'un ami entrait chez lui, il demandait : — Eh bien, quoi de nouveau ? Et il savait interroger à la façon d'un juge d'instruction. Par les jours de soleil il faisait rouler devant la porte son large fauteuil pareil à un lit. Un domestique, derrière son dos

Comme tant d’autres de mes infortunés camarades, j’ai connu les heures dures de la captivité, en France d’abord, puis en Allemagne. Fait prisonnier le 16 juin 1940, à Gas, quelque part aux environs de Chartres, je fus détenu tout à tour au camp de Bel-Ebat, près de la Celle-Saint-Cloud, puis à Beaumont-sur-Oise, à Drancy enfin, où, dans ce qui était alors le Front-Stalag n° 111, les prisonniers de guerre inaugurèrent un camp de souffrances qui devait voir passer par la suite des milliers de malheureux

Défiant, enclin à de violents accès de colère, taquin dans les discussions et voulant surtout avoir raison quand il avait tort, il était plein de préjugés nationaux. Il avait conservé de sa vie soldatesque un penchant pour le bon vin. S’il sortait d’un repas dans tout le décorum de son grade, il paraissait sérieux, méditatif, et il ne voulait alors mettre personne dans le secret de ses pensées. Enfin, s’il connaissait assez bien les mœurs du monde et les lois de la politesse, espèce de consigne qu’il observait

rend accessibles et très populaires. Ils exposent sans complaisance les défauts humains et tournent en ridicule ceux qui le méritent : de la femme infidèle et volage au prêtre ignorant et coquin, de l’évêque enrichi au bourgeois avare, du paysan stupide à l’aubergiste roublard, chacun en prend pour son compte. Les personnages n’ont pas d’épaisseur psychologique, mais ils rappellent par leurs défauts, leurs manies, le voisin que l’on connaît, le seigneur, le prêtre du village. Les

Peut-être le lecteur, s’il est citadin surtout, s’il n’a point vécu de cette douce et patriarcale vie des champs, s’étonnera-t-il de me voir mettre au nombre des membres d’une famille chrétienne un chien, un âne, un bœuf et une vache. Mais je lui dirai : Ami, vous êtes trop sévère pour les humbles de la création. Je sais bien que la bénédiction de l’Église ne les atteint pas ; je sais bien qu’ils n’ont point part au salut, qu’ils restent hors de la loi chrétienne comme païens et comme impurs ; que l’Homme-Dieu

et avez de lui sous ce nom maintes belles tragœdies par escript. PERSONNAGES Père Ubu. Mère Ubu. Capitaine Bordure. Le Roi Venceslas. La Reine Rosemonde. Boleslas, Ladislas, Bougrelas, leurs fils Les Ombres des Ancêtres. Le général Lascy. Stanislas Leczinski. Jean Sobieski. Nicolas Rensky. L’Empereur Alexis. Giron, Pile, Cotice : Palotins Conjurés et Soldats. Peuple. Michel Fédérovitch. Nobles. Magistrats. Conseillers. Financiers. Larbins de Phynances. Paysans. Toute l’Armée russe. Toute l’Armée

toujours les mémes, qui se repassent le flambeau. — Le peuple est un éternel mineur, et il sera toujours au dernier rang, puisqu'il est le nombre, la masse, l'illimité. —Ah! comme je suis las de l'ignoble ouvrier, de l'inepte bourgeois, du stupide paysan et de l'odieux ecclésiastique..." (2). En blámant cette attitude de Flaubert envers les classes sociales les plus humbles et deshéritées, Sartre ne fait que découvrir l'esprit d'un homme orgueilleux et solitaire qui vit ¡solé du monde. C'est un profond

tut. Une paysanne sortit de la maison. Son corps osseux, large et plat, se dessinait sous 14 un caraco de laine qui serrait la taille. Une jupe grise, trop courte, tombait jusqu’à la moitié des 15 jambes, cachées en des bas bleus, et elle portait aussi des sabots pleins de paille. Un bonnet blanc, 16 devenu jaune, couvrait quelques cheveux collés au crâne, et sa figure brune, maigre, laide, édentée, 17 montrait cette physionomie sauvage et brute qu’ont souvent les faces des paysans. L’homme 18

toujours les mémes, qui se repassent le flambeau. — Le peuple est un éternel mineur, et il sera toujours au dernier rang, puisqu'il est le nombre, la masse, l'illimité. —Ah! comme je suis las de l'ignoble ouvrier, de l'inepte bourgeois, du stupide paysan et de l'odieux ecclésiastique..." (2). En blámant cette attitude de Flaubert envers les classes sociales les plus humbles et deshéritées, Sartre ne fait que découvrir l'esprit d'un homme orgueilleux et solitaire qui vit ¡solé du monde. C'est un profond