« Les mots, ce sont les belles matières, les ingrédients sacrés. »
Les mots ont dans ce livre une importance capitale. Ils servent d’armes de défense mais permettent aussi une certaine expression des sentiments. En tant qu’armes, ils blessent en attaquant des points sensibles – « espèce de petite merdeuse insolente, de mocheté mal baisée »–, en montrant un ennui extrême face à ce qui est raconté – « J’en étais sûr. Ça promet. » – en se moquant – « Oh, je vois. Mademoiselle est une snob de salon » – ou en dénigrant – « la femme est inférieure à l’homme, ça coule de source, il suffit de voir combien elle est laide ». Les mots sont très durs dans ce roman. En outre, ils ne sont pas seulement blessants mais peuvent également dégoûter ; c’est d’ailleurs ce qui arrive au second journaliste : « je fais bouillir pendant des heures des couennes, des pieds de porc, descroupions de poulet, des os à moelle avec une carotte. J’ajoute une louche de saindoux, j’enlève la carotte et je laisse refroidir durant vingt-quatre heures. En effet, j’aime boire ce bouillon quand il est froid, quand la graisse