Le recueil Alcools, paru au Mercure de France en 1913, manifeste un esprit nouveau. Apollinaire mit quinze ans à le préparer. Dès 1904, il pense à réunir les poèmes qu’il a rapportés d’Allemagne en une plaquette, Le Vent du Rhin, mais le projet n’aboutit pas. Le recueil prend enfin forme en 1912 sous le titre Eau de vie. Pourtant, sur le texte déjà imprimé, Apollinaire supprime toute ponctuation, rajoute « Zone »et remplace le titre Eau de vie par Alcools.
Chaque poème, « commémoration d’un événement de ma vie », constitue un alcool ; et le pluriel du titre renvoie à la multiplicité des points de vue de l’esthétique cubiste sur le destin d’un homme qui est aussi poète. Alcools est une œuvre révolutionnaire qui est aussi associée au surréalisme en littérature. Alcools dit une soif, qui est celle de la curiosité, de l’enthousiasme, le désir de consommer la vie, de se griser de la modernité à laquelle le poète, figure dionysiaque, aspire.
Alcools a surpris, choqué même. On a reproché au recueil son côté disparate et l’incohérence de ses images. Si le ton élégiaque et l’inspirat