Être un sujet signifie-t-il pour l'homme être maître de soi?
Tout homme est un sujet humain, ce qui signifie que sa condition est aux antipodes de celle d'un objet. La notion de subjectivité renvoie à un être capable d'initiatives, un être que l'on ne peut réduire à l'obéissance aux lois de sa nature. Autrement dit un sujet est un être capable de rompre avec la nécessité qui le porte, capable d'être libre. Cette liberté émane d'abord de ce qui la rend autre qu'un objet: sa conscience. Il est un sujet libre parce qu'il a conscience de l'être, et cela le rend capable de décider, y compris contre ce qui le pousse à agir selon la nécessité. Cette conscience qu'il a de lui-même et du monde le conduit à avoir conscience de sa différence et de sa singularité vis à vis des autres. Toutes ces caractéristiques, propres à sa condition de sujet, conduisent à voir en lui la possibilité d'un maître de soi. S'il est conscient de lui-même et, par là, libre de faire ce qu'il veut, il devrait être capable de maîtriser ses pensées et ses actes, de se commander lui-même en refusant d'obéir à ce qui extérieur à lui. Mais la subjectivité s'avère par ailleurs ambiguë: qu'un homme soit capable d'actes qu'ils pensent libres ne garantit pas absolument que ceux-ci soient totalement libres au sens totalement maîtrisés: et si cette maîtrise était seulement illusoire? Le problème est donc de savoir si la condition de sujet et la conscience qui fonde cette condition entraînent une possibilité maîtrise de soi: la maîtrise de soi est-elle un pouvoir que nous octroie notre conscience?
Être un sujet, est-ce être à l'origine de ses propres actes, est-ce, en ce sens là, les maîtriser?
a) C'est la conscience qui me fait savoir que je suis un sujet: en effet, le propre de la conscience est d'être réflexive; autrement dit, elle me renvoie à moi-même; à chaque fois que je prend conscience de quelque chose, je sais en même temps que c'est moi que en est conscience et que cette conscience