Étude de cas : l'immigration et la société française au 20e siècle
1. Un pays qui s'affirme comme une terre d'immigration (1914-1975)
a. Les explications
Dès le début du 20e siècle, la France subit une stagnation de l'évolution de sa population : on manque de bras dans les campagnes comme dans les villes. Les besoins des jeunes actifs sont encore plus marqués dans les années 1920 : le pays a perdu après la guerre près de 10 % de sa population active dans l'agriculture et près de 9 % dans le secteur industriel. Or les besoins liés à la reconstruction, à la croissance sont nombreux.
Pour répondre à ces besoins, les entrepreneurs s'appuient sur des centres de recrutement comme la SGI, la Société générale d'immigration. Mais à partir de 1914, c'est avant tout l'État qui va se charger du recrutement de la main d'œuvre étrangère. En 1931, avec près de trois millions d'étrangers, on atteint une population qui ne sera jamais dépassée ensuite (en rapport avec le chiffre de la population totale). Ces étrangers représentent alors 7 % de la population totale.
La période de forte croissance des Trente Glorieuses après la Seconde Guerre mondiale explique également l'amorce d'un nouveau cycle d'arrivées. Les besoins en main d'œuvre font grimper le nombre d'arrivées à 3,4 millions en 1975.
Les raisons de l'immigration sont aussi politiques. La France représente dans l'héritage de la Révolution une terre d'asile pour les populations victimes de dictatures. Les exilés politiques sont des Arméniens ayant échappé au génocide turc en 1915, des Italiens antifascistes, des Allemands fuyant le nazisme. Dans le contexte de guerre froide, à partir de 1947, la France reçoit aussi des exilés venant des pays communistes.
b. Les origines des étrangers
Au début du siècle, l'immigration provient essentiellement des pays