Benjamin est assis dans le hall de l’immeuble quatre, sur la troisième marche, la tête posée contre la rambarde. Il attend son pote Yaz. C’est son pote d’enfance, ils se connaissent depuis l’école primaire. Ils ont toujours trainés ensemble dans la même galère et suivit les grands. Ils ont séché les cours ensemble mais non pas parce qu’ils n’étaient pas intéressés mais parce-que dans ce genre de cité c’est difficile d’apprendre. Les profs changent tous les mois, les gamins ne tiennent pas en place, ils hurlent, se balances les trousses, crient des insultes et les profs pètent les plombs. Pourtant pour s’en sortir ici il faut bosser et être fort à l’école, encore plus qu’ailleurs. Il faut se démarquer, avoir « du potentiel ». Pour partir d’ici il faut être une grosse tête et ça n’est pas facile ici, c’est mal vu, ce n’est presque pas permis. Et pourtant, tout le monde en rêve… Benjamin voit Yaz arriver. Il marche les mains dans les poches et il a une de ces dégaines avec son t-shirt jaune et vert, son jogging gris et orange et sa doudoune en matière de sac poubelle. Ca semble à la mode les sacs poubelle. Il shoote dans un vieux ballon en cuir dépouillé, celui avec lequel les deux adolescents jouent depuis leurs six ans. Il pousse la porte d’un grand coup et tchèque Benjamin.
_ « Ca va mec ? T’as un briquet ? » Ben était perdu dans ses pensées, il lisait les tags sur les murs. Ici encore on pouvait voir la misère du quartier : les murs dégueulassent balançant des insultes, les sols sales, les tuyaux des canalisations qui fuient et qui humidifient le peu d’air propre et sans pollution. L’humidité refroidit la pièce non isolé et il commence à faire nuit. Les lumières ne fonctionnent plus. Peut-être que la ville ne veut plus alimenter ce quartier de pauvres gens ; de toutes façons tout le monde s’en fou, plus rien n’a d’importance. Yaz allume son joint, il raconte sa journée et explique en riant comment il a terrorisé son petit voisin qui jouait à la Gameboy