Écriture d'invention
Vous êtes un nouveau romancier. On vous a accusé d’être illisible, inutile et inintéressant. Dans une lettre ouverte publiée dans un magazine littéraire, vous vous défendez contre cette accusation.
Sans cesse, les individus marchent, courent, se bousculent, se hèlent, ils sont pris au piège, à la manière d’une chauve-souris se heurtant de ses ailes au plafond d’un cachot, rejoignant leur morne quotidien même en plein cœur de leurs songes hasardeux et maladroits. Croyez-vous que ces âmes pressées soient, dès leurs volets clos, lorsque la nuit a déjà tout envahi, traversées d’une envie frénétique de se laisser emporter par un livre de Balzac ou d’Hugo ?
Si on veut être réaliste, la réponse pencherait davantage du côté négatif. Alors pourquoi cette volonté de fuir la réalité à laquelle ces deux emblématiques romanciers ont tenté de retranscrire au plus près ? Aussi n’est-il pas vrai que chacun d’entre nous rêve d’évasion ? Car il est, avouons le, tâche difficile de pouvoir y résister.
Si, à cet instant précis, on s’attache à l’aspect mirifique que propose le Nouveau Roman, il s’avère que ce dernier soit en adéquation totale avec l’ambitieux projet que je souhaitais entreprendre ; car il y a encore quelques semaines de là, il eut pour être honnête un supplice soudain mais véritable de mon âme, celui d’écrire à n’en plus finir, et de pouvoir ainsi partager tant ma vision du monde que toute la considération que je porte pour l’art de l’écriture.
En conséquence, il a fallu, voyez-vous, correspondre au mieux mon style d’écriture à un mouvement littéraire. Que ce soient la disparition de l’intrigue linéaire ou celle des personnages au profit d’une écriture robotique, force est de constater que le Nouveau Roman, caractérisé par la déconstruction du roman traditionnel, offre maintes vertus, permettant finalement de constituer un lieu propice à la création.
C’est au lectorat lui-même de s’inviter à la dimension tant abstraite qu’énigmatique qui y est largement