O'brother et le mythe de années 30
« C’est sans doute la version de l’Odyssée d’Homère la plus pourrie qui ait jamais été proposée. Elle est fondée sur tout ce que la culture populaire recrache de cette histoire et que nous avons assimilé à notre façon ». Ce sont les mots de Joel et Ethan Cohen lors de l'interview offert par le magazine « Les Inrockuptibles » le 15 mai 2000 à l'occasion de la sortie de leur 8ième film : « O'Brother ». Pour cette nouvelle production, les deux auteurs inséparables se sont attaqués à la version road-movie du Deep South des années 30 de l'épopée grecque antique d'Homère, « L’Odyssée ».
Mississippi en pleine crise, Ulysse Everett Mcgill, accompagné de Delmar et Pete, s'évade de prison à la recherche d'un trésor tout droit sorti de l'imagination du leader, qui rêve simplement retrouver sa douce Penny.
Les références à l'Odyssée sont très nombreuses et plus ou moins évidentes, que ce soit sur l'épopée (l'épisode des sirènes, le retour à « Ithaque » etc...) comme avec les personnages (Ulysse, Pénélope, Poséidon etc...). Cependant, pourquoi avoir choisi l'époque de la Grande Dépression dans le Delta du Mississippi pour l'adaptation de la Grèce antique? Deux millénaires d'histoires et de cultures différentes pour un choix se portant dans un pays en pleine crise. Nous verrons donc dans un premier temps que ce contexte non seulement pose un décor propice à l'adaptation, mais qu'il s'agit par la même d'un véritable hommage proposant un melting-pot entre le Mythe de « l'Odyssée » et le mythe du Deep South.
Comme évoqué plus haut, l’État du Mississippi d' « O'Brother » connaît une crise sans précédent, la Grande Dépression qui provoque une forte déflation, et l'explosion du chômage. Premier élément de décor commun aux deux histoires avec ce contexte, c'est donc le bouleversement des ordres. En effet la crise entraîne, en ce temps, pour beaucoup de personnes, la perte de revenu, donc de foyer, laissant place au vagabondage