L’horrible histoire des camps
1. Vers la solution finale
En été 1936, Hitler décide de déclencher la guerre pour conquérir un espace à la mesure de ce qu’il rêve pour l’Allemagne. Dès le début, il désigne les Juifs comme les ennemis à combattre. Il les rend responsables de la Première Guerre mondiale et de la défaite allemande, de la révolution bolchevique et du capitalisme américain. Dans les années 1930, il n’est pas encore question de solution finale ni d’extermination, mais d’expulser les Juifs d’Allemagne. Tout est fait pour les inciter à quitter le Reich. Les persécutions à leur encontre commencent par le boycott des commerces juifs en 1933, les lois discriminatoires de Nuremberg et les pogroms en 1935, la ghettoïsation, l’obligation du port de l’étoile jaune. En 1938, sur les 500 000 Juifs qui vivaient en Allemagne, 150 000 ont émigré. Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, un vaste pogrom, appelé « la nuit de Cristal », est organisé : des centaines de magasins et de synagogues sont pillés et incendiés, près de 30 000 Juifs sont arrêtés et déportés dans des camps, dont celui de Buchenwald. En 1939, l’invasion de la Pologne conduit le Reich à intégrer à sa population trois millions de Juifs polonais. Les Allemands pensent d’abord à les expulser à Madagascar, ce qui aurait pour effet d’en éliminer physiquement une partie. Dans l’impossibilité de le faire, ils envisagent ensuite de déporter ces Juifs au fin fond de l’URSS. Mais cette idée est abandonnée, car les Allemands sont incapables de vaincre les troupes soviétiques. L’idée d’une extermination physique se met alors en place. À partir de 1939, les Allemands avaient commencé à euthanasier les patients des asiles psychiatriques. Cette pratique avait été interrompue à la suite de protestations de l’Église catholique, mais elle a permis d’expérimenter des méthodes d’extermination au monoxyde de carbone.
Sur le front de l’Est, les Einsatzgruppen exécutent par balle la population juive des villages conquis