l'âge d'or
L’Âge d’Or et le Paradis représentent deux figures d’un bonheur originel perdu. Dans la tradition gréco-latine, l’Âge d’Or est un état primordial où les hommes vivent sans souffrir ni vieillir, où la nature généreuse les dispense du travail, où règnent la paix et la justice : la race d’Or vit encore dans la proximité des dieux.
Cette même proximité est celle d’Adam et Ève au jardin d’Eden. Lieu de délices et de perfection, le Paradis comporte en son centre un source d’eau vive qui se divise en quatre fleuves qui vont irriguer le monde, et deux arbres, "l’arbre de vie par lequel l’homme pouvait devenir immortel, l’arbre du Bien et du Mal, par lequel il pouvait devenir mortel." Pour l’essentiel de la tradition chrétienne, le Paradis est sur la terre, à l’orient ou à l’occident, mais son accès est désormais interdit aux hommes.
Pour beaucoup d’utopistes, en particulier au XIXe siècle, il faut inverser le sens du temps, en plaçant l’Âge d’Or, non plus au commencement, mais à la fin, comme le terme de l’histoire et du progrès. En fait, dans le mythe hesiodique de l’Âge d’Or, le temps est cyclique ; et dans la tradition judéo-chrétienne, la venue du Messie est une promesse de restauration.
Hésiode
D’or fut la première race d’hommes périssables que créèrent les Immortels, habitants de l’Olympe. C’était aux temps de Cronos, quand il régnait encore au ciel. Ils vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis, à l’écart et à l’abri des peines et des misères : la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas ; mais, bras et jarrets toujours jeunes, ils s’égayaient dans les festins, loin de tous les maux. Ils mouraient comme en s’abandonnant au sommeil. Tous les biens étaient à eux : le sol fécond produisait de lui-même une abondante et généreuse récolte, et eux, dans la joie et la paix, vivaient de leurs champs, au milieu de biens sans nombre. Depuis que le sol a recouvert ceux