l invitation au voyage
L’invitation au voyage fait partie d’un des trois « cycles d’Éros » (Launay: p. 54) dans Spleen et Idéal, et se trouve dans le cycle de l’automne qui comporte onze poèmes . Ce cycle commence avec Le Poison et est inspiré par Marie Daubrun, une jeune actrice (Launey: p. 61). Le titre du poème parle d’une idée chère à Baudelaire, celle de l’évasion, l’évasion à un monde ailleurs, l’évasion du réel à l’imaginaire. Dans la première strophe, il s’adresse à la femme aimée d’un ton aimable et protecteur :
« Mon enfant, ma sœur,
Baudelaire peint dans ce poème un tableau pour tenter la femme à le suivre. Il y a la même thématique que dans Parfum exotique, avec la femme comme inspiration d’une rêverie, avec l’allégorie entre la femme et le paysage rêvé et aussi mais surtout le thème récurrent du parfum. Le seul mot troublant est « traîtres », parlant des yeux de la femme, contrairement à l’image dans Parfum exotique: « l’œil par sa franchise étonne ». On pourrait interpréter l’adjectif « traîtres » comme perfides. En tout cas le poète est tenté par ces yeux qui forment le commencement du « voyage » de la réalité vers l’imaginaire. Outre le mot « traîtres » toute l’ambiance est harmonieuse dans la strophe avec des mots comme « mon enfant, ma sœur » et « douceur », et ce sentiment d’harmonie continue dans le reste du poème aussi. Dans le poème il y a deux vers qui se repètent trois fois, comme un refrain :
« Là tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté .» C’est donc un endroit parfait, idéalisé, dont il parle. Même le rythme du poème est calme et harmonieux. Dans ce poème aussi, Baudelaire emploie des exotismes et il mêle les sens différents, comme il l’a fait dans Parfum exotique, pour mieux exprimer la beauté de la femme et de la rêverie.
« Des meubles luisants,
[...]
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
[...]
Les miroirs profonds,
[...]
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Sa douce langue natale »