l'homme du livre
Avant la publication de cette œuvre, Driss Chraïbi a eu la prudence de la faire consulter par des oulémas afin d’éviter toutes attaques violentes et échapper à toutes critiques. Cependant, son récit a réservé un accueil plus ou moins positif puisqu’il touche un coté sacré rarement abordé, celui de la religion. Particulièrement dans le choix du protagoniste qui présente une grande figure historique de l’Islam, celle du prophète Mohammed.
Peut-on classer cette œuvre parmi les romans historiques ?
L’auteur a indiqué dans l’avertissement qu’il ne s’agissait pas d’un livre historique mais plutôt d’un roman fictif, qui le qualifie par l’adjectif pure : « une œuvre de pure fiction ». Comme il a employé une négation « ceci n’est pas un livre d’histoire » ce qui montre son non-engagement et son évasion de la responsabilité face aux faits historiques rapportés. En fait Le roman relate effectivement les principaux événements issus de la vie du prophète et qui sont situés dans des lieux précis et réels (la Mecque, caverne du mont Hira…). Néanmoins, il introduit d’une façon marquante des éléments imaginaires en essayant de reconstituer le personnage de Mohammed, l’homme ordinaire, avant qu’il connaisse la transformation mystique où il devient prophète, porteur de l’ultime livre et intermédiaire entre Dieu et les croyants. Ainsi le suit-il pendant les dernières vingt-quatre heures qui précédent la Révélation tout en représentant et décrivant la trame de rêves, de désirs et d’émotions entrainés au moment où sa destinée se fixait pour changer l’histoire du monde. Driss Chraïbi a utilisé l’histoire comme arrière-plan des personnages fictifs, il figure deux poètes appelés Qais et Amr