L etranger
Le projet du roman remonte à 1937, il est mentionné dans les Carnets sous le titre de La Mort heureuse : le personnage principal y est nommé Mersaul ; il a un ami restaurateur nommé Céleste et un copain : Emmanuel.
L'idée générale est alors résumée ainsi : "Un homme qui a cherché la vie où on la met ordinairement (mariage, situation, etc.) et qui s'aperçoit d'un coup, en lisant un catalogue de mode, combien il a été étranger à sa vie (la vie telle qu'elle est considérée dans les catalogues de mode)
Première partie : Sa vie jusque là.
Deuxième partie : Le jeu.
Troisième partie : L'abandon des compromis et la vérité de la nature »
C'est donc un roman longuement mûri puisqu'il ne paraît qu'en 1942.
Par ailleurs, Les Carnets sont remplis de notations prises sur le vif qui seront réutilisées dans L'Etranger tel qu'il est publié :
1. la course avec le camion
2. la visite de l'asile de Marengo (notée en mai 38, reprise en sept. 38)
3. l'histoire de R. (avec indication de Belcourt) et un commentaire "moral" : "R. tragique dans le désir obstiné qu'il manifeste de punir sa compagne: l'orgueil invente des rapports de dépendance qui font naître l'asservissement et le malheur."
4. monologue d'un condamné qui se termine d'une façon proche de ce que sera le texte définitif : "Pourvu qu'ils soient beaucoup, pourvu qu'ils m'accueillent avec des cris de haine. Pourvu qu'ils soient beaucoup et que je ne sois pas seul..."
Emmanuel Roblès (écrivain algérien contemporain de Camus) signale que l'écrivain a signé quelques articles de Soir Républicain du nom de Meursault. C'est aussi lui qui donne pour origine du nom la condensation des mots "mer" et "soleil".
Camus travaille, comme beaucoup d'autres écrivains, au confluent du biographique et de l'intertextualité. Son univers personnel se construit à la fois de sensations et de lectures. Pour L'Etranger, les influences les plus sensibles sont celles de Stendhal (Le Rouge et le noir : Meursault