l enfant de noé
Kramer 3HA
Devoir
Le dimanche suivant, je ne voulais pas défiler. J’en avais assez que l’on se moque de moi dans un silence étourdissant. Mais le père Pons m’avait dit que le Seigneur me choisirait. Alors je partais défiler, je n’avais plus d’espoir, même pas une miette. Je me sentais perdu, dix pas pour subir le martyre. J’avais dix pas pour me faire connaitre, j’avais dix pas pour réussir ma vie avec une famille. Rien que dix pas pour une nouvelle vie, ou dix pas pour faire demi-tour et revenir à la case départ. A chaque pas plus petit qu’il soit, j’étais mangé par la peur, la honte. J’Imaginais ma déchéance même avant de faire demi-tour. Pour une fois dans ma vie, j’étais détruit par l’espoir que me donnait ce Seigneur dont me parlait le père Pons.
Au milieu du parcours, je me demandais si personne ne me choisirait. Parce que je me tenais mal ou que les gens ne voyaient passer qu’une ombre, un fantôme, une âme en peine. Si le public ne regardait que la misère dans mes yeux. Que je ne pouvais rien, que je ne savais rien, comme si j’étais une… une erreur de la nature. Pour la première fois je versais une larme en public. Ces personnes avaient le droit de me regarder bizarrement.
J’arrivais au début de ma torture. Je savais que les deux dernier pas seraient les plus dures. Puis j’entendais une voix qui disait : « c’est mon fils, je l’adopte ! ». Je pensais que ce n’était qu’un de mes camarades qui voulait m’humilier devant tout le monde. Je repartais en courant en larmes, désespéré. Puis dans ma course vers le père Pons, j’entendais : « attends-nous fiston ! » et pourtant cette voix m’était familière. J’arrivais dans les bras du père Pons, et je lui disais : « vous voyez, votre Seigneur n’a rien fait ! ». Mais si, voilà donc que tu n’as rien entendu !
J’avais miraculeusement retrouvé ma vraie famille. Au début je ne comprenais pas. Donc je suis parti avec mes parents. Et pour la première fois de ma vie, j’avais utilisé les mots «