Introduction : l'école e générale , centrée sur l'écrit, s'est construite contre l'oralité, marquée au double sceau négatif de la culture populaire (vs savante) et des rituels religieux. Il s'agissait de former des citoyens dotés des savoirs et des valeurs prônés par la République, sur la base d'un rapport à la littéracie, qui posait l'écrit comme vecteur de la Raison, et qui privilégiait la lecture et l'écriture au détriment de l'acte de parole. Au niveau du lycée, cette logique est venue mettre un terme à la forme d'oralité scolaire que constituait le " discours français", et qui intégrait, au plan rhétorique, l'actio et la memoria, articulant alors les productions verbales sur la voix, le corps, et privilégiant une dispositio prise en charge par la mémoire. Ceci pour lui substituer l'exercice écrit, devenu canonique dans la discipline : la composition française, c'est-à-dire la dissertation, qui met l'accent sur l'articulation dispositio/elocutio. Mais, dans le même temps, du côté de l'école primaire, face à un public massivement ancré dans l'oralité, pour maintenir un lien avec les pratiques langagières scolaires et extra-scolaires, s'est instaurée une oralité spécifiquement scolaire, fondée principalement sur la voix du maître et le chorus de la classe. Qu'en est-il aujourd'hui, dans le cadre des nouveaux programmes ? S'il ne s'agit pas, bien sûr, de rétablir des formes obsolètes d'oralité, de prôner des " madrasas laïques " fondées sur la récitation, que peut nous apporter la restauration de cette composante de l'oral en classe de Français ? La problématique ainsi posée nous amène à nous interroger sur les conditions institutionnelles, les enjeux en termes d'apprentissages, les implications didactiques d'une telle restauration. Comment, en particulier, articuler les cultures de l'oralité, dans lesquelles baignent les élèves en milieu extra-scolaire, et les contraintes du contexte scolaire ? Comment établir des liens entre les traditions orales, envisagées