L'aube qui embrassait la nuit
L'aube absorbait les étoiles de la nuit faisant apparaître les premiers rayons de soleil et quelques nuages orangés. La nuit traînait des pieds avec son immense sac d'étoiles à la main et parcourait les terres et océans à la conquête de nouveaux pays à obscurcir. La transition entre ces deux ciels était magnifique ; j'aurais pu rester allongé dans l'herbe mouillée regardant les heures défiler, ne me souciant plus de rien mais j'ai préféré admirer les couleurs du ciel changer de ma fenêtre, écoutant en même temps le son des feuilles des arbres se frottant les unes contre les autres et tomber dans les flaques d'eau. A cet instant, le monde n'était plus rien ; les habitants de ce dernier n'étaient plus rien ; le temps n'était plus rien et il n'y avait que moi, ce ciel qui changeait d'aspect et le vent qui soufflait. Celui qui n'a jamais vécu cela ne sait pas ce qu'est le bonheur, celui qui n'a jamais participé à cet événement n'a pas encore vécu. J'entendais au loin une douce mélodie qui attirait mon sommeil et je commençais à fermer les yeux doucement, à m'engouffrer dans une profonde inertie. Le vent soufflait toujours, il caressait mon corps maintenant apathique et fouettait mon visage blême ; j'allais dormir longtemps, j'allais vivre le reste de ma vie les yeux fermés, allongé sur le sol carrelé attendant que les heures passent, ne me souciant plus de rien. Je me sentais mourir, je sentais la Mort prendre mon âme et m'arracher les souvenirs, je la sentais qui furetait mon esprit à l'intérieur de mes membres. L'aube embrassait la nuit et entre cette étreinte affective, la Faucheuse vola mon âme et lui fit survoler le ciel, lui faisant prendre la place d'une étoile que la nuit avait oubliée.