L'évolution de l'origine social des enseignants
Frédéric Charles et Philippe Cibois
Sociétés contemporaines n°77, 2010
Les auteurs compensent d'abord par justifier leur étude sur l'évolution de l'origine sociale des enseignants au cours des cinquantes dernières années en avançant la thèse d'Alain Quemin, selon laquelle « l'analyse de l'origine sociale des professionnels ou individus est une étape essentielle dans la mesure où elle permet de mieux situer la place occupée par un groupe professionnel à un moment donné dans l’espace social ». De plus « si un groupe professionnel a tendance à recruter en majorité ses membres dans le haut de la hiérarchie sociale existante, il y a de fortes chances pour qu’il soit lui-même relativement bien situé au sein de la structure sociale ».
Les auteurs font ensuite le récapitulatif des travaux effectués sur l'origine sociale des enseignants et son évolution dans le temps,et présentent la thèse selon laquelle depuis 40 ans, on observe une diminution d'enseignants issus de milieux populaires au profit d'enseignants venant de classes supérieures, qualifiant cela d'un « embourgeoisement » du corps professoral.
En opposition à cette thèse, on trouve les travaux de Vallet et Degenne qui s'opposent à l'idée d'un embourgeoisement du corps professoral mais plutôt à une evolution de l'origine sociale des enseignants qui est « en phase » avec l'évolution de la population active occupée au cours de ces 40 années et que du point de vue de leur milieu d’origine, il n’y a donc eu ni embourgeoisement, ni déclassement des enseignants ».
Pour Charles et Cibois, l'évolution du corps professoral de 1955 à 2001 est due à une augmentation du nombre de femmes appartenant au corps professoral à partir des années 60 -70, celles ci étant issues de classes supérieures ou moyennes, et la baisse d'individus issus des milieux populaires se présentant à ce type de