L'évolution de la « classe ouvrière» au cours de ces trente dernières années.
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Dévalorisation du travail ouvrier, affaiblissement de la résistance collective, affrontement des générations à l'usine et dans les familles, crise du militantisme syndical et politique, montée des tensions racistes sur fond de chômage de masse et de vulnérabilité croissante : un certain «groupe ouvrier» a vécu, celui des ouvriers d'industrie, organisés •syndicalement et constitués politiquement. [...] Les ouvriers du temps de la «classe ouvrière» disposaient d'un capital politique accumulé (les partis "ouvriers", les syndicats), d'un ensemble de ressources culturelles (des associations se référant sans honte au mot ouvrier) et symboliques (la fierté d'être ouvrier, le sentiment d'appartenir à la "classe"), ce qui permettait de défendre collectivement le groupe. [...]
Cette longue période durant laquelle l'existence de la classe ouvrière apparut comme une évidence semble aujourd'hui révolue. La « classe ouvrière » en tant que telle a éclaté sous l'impact de différentes forces centrifuges : désindustrialisation de l’Hexagone, perte de ses bastions traditionnels (Le Nord et la Lorraine, la Loire, Renault-Billancourt), informatisation de la production et chute de la demande de travail non qualifié, [...] perte de l'espoir collectif et diminution corrélative du sentiment d'appartenance à la classe.
S. Beaud, M. Pialoux, Retour sur la condition ouvrière, Fayard, Coll. 10/18, 2005, 1ère édition 1999 DOCUMENT 2
Évolution de la structure socioprofessionnelle
En % de la population active
Professions et catégories sociales 1983-84 2001-2002
Agriculteurs 6,3 2,2
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 7,6 5,5
Cadres et professions intellectuelles supérieures 8,4 13 5
Professions intermédiaires 18,5 20,3
Employés 26,1 29,9
Ouvriers 31,6 27,6
Ouvriers qualifiés de type industriel 6,3 5,8
Ouvriers qualifiés de type artisanal 5,4 5,7
Ouvriers non