L'éternel silence de ma mère
A pareil moment, j’imagine l’animation du marché kilomètre cinq !
Ton étal aurait déjà été installé mais tu es encore sur ce lit, sans ardeur!
Je ferme les yeux et je te vois devant ces tables alignées, telles des scinques,
Toute ta vie, tu l’as passé devant ces étals, dessus, de la viande et… des mouches !
Maman, notre wali gara, femme courageuse, que les godobés connaissent et respectent ;
Mère Thérésa , amazone des temps modernes en guerre déclarée dans cet univers farouche
Il va être l’heure de passage du Mokonzi-gara, le percepteur des droits de places dépourvu de tact Réveilles-toi, car tu risques d’être en retard ! Comme Jacqueline qui a les yeux rougis, moi non plus je n’ai pas dormi !
Une léthargie m’envahit, à mes oreilles suinte une douce mélopée,
Parfums de l’innocence candide de mon enfance, nommé nostalgie
Soleil qui éclairait les sombres nuits de mes besoins incessant de bâfrer
Femme au cœur si grand dont chaque compartiment aère mon être
Cœur qui battit contre le mien dès la maternité jusqu’au jour d’après
Nos rires, mes pleurs, tes berceuses, hymne à l’humanité, ô mon hêtre ! Il va être midi, m’entends-tu, maman ? Femme d’abnégation, la sueur de ton front force au respect et l’admiration !
Sur les routes de nos villes et villages, tu ne te reposais, ton foyer ne s’éteignait !
Du soleil de mars à la pluie d’août, jamais dans le labeur tu ne rechignais
Dans le vacarme de ton silence, le tintement des cloches, midi il est ! Réveille-toi maman ! Le ballet des anges, la longue marche de l’éternité, maman l’a entamé ;
Habituée des ronces et épines, sentiers tortueux, long est le nouveau sentier
Pleure mon cœur, la lumière de ma vie s’est éteinte, les rideaux sont tirés,
Sur la pointe des pieds, ce matin de mars, ma maman d'amour s'en est allée! Maman ne se réveillera plus?
Même pas au son des tam-tams?
EKA