L'énigme du funiculaire
L'employé qui se trouve à l'arrivée du funiculaire raconte à l'enquêteur la découverte du corps.
Cette affaire du funiculaire m'a valu bien des migraines. Si, une fois encore, j'avais écouté les avis de celui qui était, alors, devenu mon ami le commissaire
Merlin, j'aurais pu en venir à bout tout de suite. Mais non! Je cédai à l'excitation de la poursuite au lieu de réfléchir. Il m'avait pourtant répété bien souvent:
"L'imagination, mets-la à la porte! Un criminel, c'est comme un prestidigitateur. Si tu regardes ses mains, tu es fichu. Ne perds jamais de vue ses yeux!" Facile à dire! Le crime fut commis dans le funiculaire de Montmartre à huit heures et demie du matin, au début de mars. Je revois les lieux avec une netteté extraordinaire, sans doute parce qu'il faisait froid et que Paris était plongé dans un brouillard inhabituel. Je me rappelle que des nuées jaunâtres s'étiraient au flanc de la Butte semblables à ces nuages qui s'accrochent aux pentes, certains matins d'automne, en Auvergne. De la minuscule gare inférieure, on ne distinguait que confusément celle du haut, et les rails semblaient flotter dans le vide. J'interrogeai l'unique employé, qui donne les billets et ferme la porte de la cabine. Il l'avait forcément remarquée, puisqu'elle avait attendu pendant quelques minutes.
-Il n'y a jamais grand monde jusqu'à dix ou onze heures, m'expliqua-t-il. Surtout pour monter. Quelques personnes qui viennent assister à la messe, au
Sacré-coeur ou des touristes matinaux...
-Avait-elle l'air agité, ou effrayé?
-Elle paraissait avoir froid. Elle battait un peu la semelle et semblait surtout très pressée de partir.
-Et l'homme?
L'employé hésita.
-Il est arrivé juste au moment où j'allais fermer la porte. Je n'ai guère eu le temps de le regarder. Il portait un long imperméable noir et une casquette, ou peut-être un béret.
-Vous