LA RUSSIE ET LA QUESTION ÉNERGÉTIQUE

Introduction

La pression politique exercée sur l’Ukraine en 2006 par le gouvernement russe a pris la forme d’un arrêt de la livraison de gaz ; c'est avant tout à travers sa politique énergétique que la Russie, premier exportateur mondial de gaz, semble indiquer qu’elle n’a pas renoncé à jouer le rôle d’une grande puissance régionale. Aborder la question énergétique, qui recouvre l’exploitation, la transformation et la distribution des ressources, est une façon particulièrement pertinente d’analyser la façon dont la Russie pense et construit son territoire depuis 1991. En effet, l’importance accordée par les acteurs soviétiques puis russes à la question de l’exploitation et de la distribution de l’énergie a modelé une certaine approche du territoire, conduisant à privilégier le désenclavement de certains territoires plutôt que d’autres ; dans cet espace immense, l’aménagement relève d’un choix particulièrement sélectif et qui ne relève pas que de contraintes climatiques, puisque les réserves ne se trouvent pas nécessairement dans les lieux les plus habités. On peut ensuite se demander comment les nouvelles frontières issues de 1991 et la nouvelle approche qu’elles supposent se sont traduites dans ce secteur clef : en quoi la question énergétique permet-elle de comprendre l’appropriation par les acteurs de ce territoire russe et leur façon de l’appréhender ? On constate d’abord que l’immensité du territoire russe est un atout car son sous-sol est exceptionnellement riche en charbon et en hydrocarbure, et le pays est autosuffisant pour ses besoins énergétiques ; mais sa taille est une contrainte majeure lorsqu’il s’agit d’exploiter puis de distribuer ces ressources. La gestion de ce secteur, qui est demeuré le secteur clef de l’économie russe, est très marquée par l’héritage soviétique, tout en ayant évolué face aux contraintes qu’imposent les nouvelles frontières nationales. L’analyse de la question énergétique