L'utilité de la littérature
La question de l’utilité de la littérature, apparue avec Platon, a toujours suscitée de nombreux clivages. Parmi ceux-ci figure celui opposant les partisans d’une conception selon laquelle l’art littéraire n’aurait d’autre fin que de se produire lui-même et ceux pour qui l’art serait doté d’une mission utilitaire. Ce clivage se singularise par sa remarquable pérennité puisqu’au XXe siècle Simone de Beauvoir affirme : « L’écriture est hautement privilégiée lorsqu’il s’agit de transmettre un savoir ».
On montrera comment la littérature cherche à se construire autour du sentiment d’utilité didactique, puis on examinera la spécificité de l’écriture au-delà de la notion de la nécessaire utilité de l’art littéraire. Simone de Beauvoir ne négligeait elle pas la dimension de plaisir propre à l’écriture et n’y aurait il pas d’autres formes artistiques susceptibles de susciter le même engouement ?
(PARTIE 1)
De nos jours, la lecture est accessible à un maximum de personnes, en premier par la disponibilité mais aussi par la facilité à progresser dans le livre : il est très simple de pouvoir faire une pause dans sa lecture, de commencer un autre livre, puis de reprendre le premier ; il est également aisé de retourner en arrière pour relire un passage ou, au contraire, de passer un épisode inintéressant pour avancer dans la lecture. Le lecteur aura aussi la possibilité d’avancé dans le livre à son rythme ce qui peut procurer un sentiment de liberté que n’aura pas la possibilité de procurer, par exemple, un film. Verba volant, scripta manent annonçaient les romains pour dire de faire attention à ce que l’on écrit car cela perdure. Cette citation reflète bien la durabilité de ce support qu’est l’écriture. Un des avantages indéniables de l’art littéraire est donc sa remarquable accessibilité et facilité d’usage qui se dénote non seulement par sa durabilité mais aussi par son accès au grand public et non pas réservé à certaines « classes sociales » comme