L'orient et l'exotisme
Au 18ème siècle, l’Empire perse, tout comme l’Empire ottoman, est entré dans le déclin. Ces empires appartiennent au passé, et leur évocation permet ainsi au lecteur de voyager aussi bien dans l’espace que dans le temps. Babylone représente donc surtout pour Voltaire, par exemple, un ailleurs, un Orient mythique et littéraire, dont la réalité peut être évoquée aussi bien dans un but de pur dépaysement que dans des intentions critiques : on présentera alors, sous le masque oriental, une transposition critique de la société contemporaine de l’auteur. L’exotisme est donc décoratif quand il s’agit de faire rêver le lecteur et de le dépayser ; mais il est également critique lorsqu’il est proposé au lecteur afin de l’amener à prendre toute la distance nécessaire à la critique du monde dans lequel il évolue habituellement. L’exotisme est donc un moyen pour l’auteur de séduire son lecteur et de le pousser à la réflexion. Dans Zadig, le traitement des réalités ottomane et babylonienne est significatif de l’intérêt plus général que la société du 18eme siècle manifeste pour l’Orient. Dans Candide ou Supplément au voyage de Bougainville, Voltaire et Diderot profitent de cet intérêt de l'exotisme pour critiquer la société.
L’histoire et les mœurs des empires babylonien, perse et ottoman ont fasciné l’Occident et sont davantage à la mode au 18ème siècle, en raison de la vogue de l’exotisme. Voltaire n’est jamais allé en Orient mais il s’est documenté sur ces régions en lisant des récits de voyages ou l’Histoire de la religion des anciens Perses et de leurs mages de Thomas Hyde (1700), qui lui ont permis de se familiariser avec les coutumes orientales. En manifestant son intérêt pour cette région du monde, Voltaire rejoint l’un des grands courants de la sensibilité culturelle de son époque. De même Victor Hugo, qui comme Voltaire n’a jamais été en Orient, publie en 1829 un recueil de poèmes lyriques et fantastiques intitulé Les Orientales.
Au 18ème