L'objectivité
Pourtant, quel objet est la TCR ? Pour Bruno Latour, la TCR est indissociable du crédit du professeur Guillemin dans la communauté scientifique. Ce n'est donc pas un objet comme les autres. Or si l'objet scientifique est construit par l'assentiment de la communauté, peut-il lui-même prétendre à l'objectivité, au même titre que l'on peut parler d'un jugement objectif ? Pour qu’il y ait objectivité, il faudrait être certain que tel objet, tel phénomène, se présente comme tel devant tous les sujets possibles en tout temps. Nous sommes donc conduits à définir de prime abord l’objectivité comme ce qui, d'un objet, est universellement attestable. La question de l'objectivité est ainsi d'emblée prise dans la question de la communauté. Là est bien le problème : d'une part la reconnaissance de l'objet devrait appartenir aux sujets pour fonder l’assentiment universel, mais d’autre part, il faut rendre justice à l’objet lui-même. Les critères de l’objectivité ne peuvent se séparer de lui, sans quoi nous serions amenés à confondre l'universalité et l'objectivité. La bonne piste serait plutôt de penser que les critères d’objectivité sont dans l’objet. Mais alors un nouveau problème se pose : si l'objectivité appartient à l’objet, comment le sujet y accède-t-il ? Si l'universalité est une condition nécessaire mais non suffisante de l'objectivité, celle-ci relèverait peut-être d'un ordre surhumain. Mais alors comment le sujet connaissant peut-il satisfaire cette deuxième exigence de l'objectivité avec des moyens proprement humains de compréhension, comme le langage et le concept ?
Le problème est donc de comprendre comment