L'interrogation sociologique
Leçon 2
L’interrogation sociologique
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
Introduction
Tout fait humain, toute relation ou rapport entre les êtres humains-en-société est à la fois un fait social et un fait individuel. Retenons pourtant que les faits humains ainsi définis sont d'abord des phénomènes sociaux parce qu'ils existent précèdent et transcendent les individus et ensuite des phénomènes individuels parce que chaque individu les vit et les perçoit en termes psychologiques ou personnels.
Dans la mesure où un fait humain n'affecte qu'un individu, par exemple une maladie, un accident de travail, un mariage, un décès..., il est un fait individuel et vécu comme tel. Mais ce même phénomène humain est d'abord un fait social parce qu'il est «un fait répété qui fait partie des uniformités (c'est-à-dire des régularités) que la statistique dénombre» ou que la science observe. Résumons-nous: • même si un fait humain apparaît dans la conscience individuelle s'expliquer par des causes psychologiques ou individuelles, il s'explique, en dernière analyse, par des causes sociales, c'est-à-dire par des déterminants sociaux. Par exemple, les mariages sont influencés par les lois, les croyances religieuses, la situation économique... La production sociale de tel produit particulier est influencée par la mode, le développement des techniques de production, les rapports entre les classes sociales, etc. C'est dans cette perspective d'analyse que nous pouvons dire que toutes les actions humaines, même les plus ordinaires de la vie quotidienne comme le boire, le manger, l'hygiène, etc. sont des faits sociaux.
Si tous les faits humains sont à la fois des faits sociaux et des faits individuels, toutes les informations disponibles sur ceux-ci ne sont pas nécessairement des données sociales. Ces données ne deviennent sociologiques que si elles traduisent des faits sociaux, c'est-à-dire des régularités dans les manières d'agir, de