Je me présente à vous, votre Majesté, L’Ingénu Hercule de Kerkabon. Avant mon incarcération à la Bastille, je me rendais sur le chemin sensé m’emmener ici même, afin d’obtenir la récompense que je méritais suite a l’invasion des Anglais que j’ai su dignement repoussé. Le long trajet m’a contraint de m’arrêter afin d’assister au souper, auquel j’ai pu m’entretenir avec quelques braves hommes qui m’ont informé de l’exclusion des protestants, d’où le silence et la tristesse qui régnait dans la ville de Saumur. Ils m’ont contés de quelle façon vous traitiez ceux-ci, et la difficulté d’y croire fût grande, moi qui croyais être dans une digne patrie. Déboussolé et attristé par la violence que vous affligez à ces pauvres familles, je leur ai promis qu’en venant vous voir afin d’obtenir ma récompense, je vous parlerai de la contrariété et l’incompréhension de toute une nation. Par conséquent, voilà la raison de ma venue. Ô seigneur. Etes-vous seulement digne de ce nom ? Comment un monarque de telle renommée est-il capable de faire fuir des hommes semblables à nous ? Certes, les pratiques religieuses diffèrent légèrement, mais ne voulez-vous point faire preuve de tolérance ? La surprise fût grande pour moi de constater que vous n’êtes simplement que sous l’ordre du pape et des jésuites. L’impulsion de ceux-ci vous a poussé à révoqué l’Edit de Nantes, seulement, en agissant ainsi, vous ne dégradez que la situation économique et politique de la France. Ces vingt milles huguenots, comme vous les appelés si bien, étaient pour la plupart artisans et commerçants et de ce fait, ne faisaient que contribuer à l’activité économique. Arrêtez donc les persécutions contre les protestants. Ceux-ci ne méritent pas d’être exclus seulement pour leurs différences qui ne sont qu’insignifiantes puisque leurs grandeurs d’âmes suffisent à les retenir dans ce pays. La question est alors en quoi ces personnes doivent-elles être rejetées puisqu’elles n’apportent que des choses bénéfiques ?