Le terme d'inconscient peut renvoyer à deux acceptions différentes. En effet, on peut définir l'inconscient négativement, comme ce qui n'est pas conscient, c'est-à-dire le non-conscient. Mais on peut aussi définir l'inconscient positivement, comme une réalité psychique possédant un mode de fonctionnement et des caractéristiques propres. Dans ce cas, l'inconscient renvoie à la découverte freudienne (Freud). De plus, dans la première acception, le terme d'inconscient est plutôt employé sous la forme d'un adjectif et qualifie alors un état ou une personne, le substantif correspondant étant d'ailleurs: l'inconscience. Dans la seconde acception, au contraire, l'inconscient est d'abord utilisé sous la forme du substantif et c'est secondairement qu'il qualifie, comme adjectif, un sentiment ou une pensée. De ces distinctions, on retiendra que l'inconscient n'acquiert le statut de concept qu'avec Freud*. Et même si certains philosophes avant lui en eurent pour ainsi dire l'intuition, c'est avec Freud que l'assimilation de la pensée* et de la conscience* est radicalement mise en question. C'est du même coup la transparence du sujet à lui-même et l'idée de sa souveraineté qui se trouvent contestées.
-Les précurseurs
La philosophie classique, notamment avec Descartes*, en identifiant conscience et pensée, ne reconnaît pas l'existence d'un inconscient. Certes Leibniz* (1646-1716) admet l'existence de petites perceptions inconscientes, c'est-à-dire de "changements dans l'âme dont nous ne nous apercevons pas" (_Nouveaux Essais sur l'entendement humain_, II, chap. 1). Un siècle plus tard, Maine de Biran, dans son _Mémoire sur les perceptions obscures_, affirme lui aussi qu'il existe une sensibilité passive inconsciente. Enfin. Bergson*, analysant les mécanismes de la mémoire, montrera comment l'oubli chasse hors de la conscience les perceptions et les souvenirs qui ne sont pas utiles à l'action. Mais, dans tous les cas, cet inconscient désigne négativement ce qui n'est pas