L'image
Le philosophe Régis Debray parle d’un « transfert du centre de gravité de l’information de l’écrit à l’écran, du différé au direct et surtout, (…) du signe à l’image. », soulevant ainsi le caractère séducteur de l’image qui s’oppose à la rationalité, à la réflexion, à la compréhension. « Le défilement en accéléré de l’imaginaire court-circuite l’efficacité symbolique au moindre discours critique », ajoute le philosophe, révélant la dualité et l’incompatibilité fondamentales de l’image et du mot, de l’instinct et du rationnel, des sentiments et de la raison. Ainsi, selon Régis Debray, seule l’image peut arriver à discréditer l’image, face à celle-ci le mot demeure impuissant ou peu convaincant. L’image est devenue la référence par excellence au « vrai », à la preuve de vérité. Pourtant, ce précepte comporte des risques imminents de supercherie; l’image amène la supposition que tout est montré et que rien ne peut être caché. En réalité, il s’agit d’une re- présentation du monde, d’une capture d’une portion infime d’une situation, qui se limite à un cadre précis. On nous montre ce que l’on juge important de nous montrer, mais sous quelles lois ? Intervient ici un monde de subjectivités; l’endroit en particulier qui sera filmé et le moment qui au montage sera conservé, dépendent des valeurs du journaliste et de l’orientation du poste de télévision, lui-même profondément ancré et influencé par une idéologie dominante. « Nous avons désormais les moyens technologiques de réaliser le principe dit de Berckley -