l'identité en question
Dans La crise des identités, Claude Dubar distingue deux formes d'identités à partir de la distinction de Max Weber entre les formes communautaires (l'existence de « communautés » bien définies à partir desquelles les individus se définissent) et les formes sociétaires plus récentes (sortes de collectifs « multiples, variables, éphémères, auxquels les individus adhèrent pour des périodes limitées et qui leur fournissent des ressources d'identification qu'ils gèrent de manière diverse et provisoire »). Ce faisant, chaque individu définirait son identité à travers de multiples processus, dont la stabilité et la permanence semblent varier, notamment en ce début du 21e siècle où la mondialisation des échanges a considérablement bouleversé le nombre et la diversité des sources d'interactions sociales (autrement dit, l'espace public tel que défini par Habermas s'est considérablement élargi mais s'est aussi bien plus fragmenté). De fait, étudier aujourd'hui l'identité comme une construction sociale nécessite de s'intéresser à des processus sociaux bien plus complexes et épars, à tel point que Rogers Brubaker considère que « si l'identité est partout, elle n'est nulle part ». Sociologue américain et professeur à l'université de Californie à Los Angeles, Rogers Brubaker analyse dans son article « Au-delà de « l'identité » » (2001) ce concept central en sociologie pour en déceler tous les sens, parfois contradictoires et comprendre pourquoi certains sociologues et chercheurs ne parviennent pas à en surmonter les difficultés. Plus précisément, il va chercher, à partir de ce terme excessivement rempli de signification souvent, à employer d'autres termes correspondant à chacune des dimensions englobées par le mot « identité ».
La question de l'identité est aujourd'hui mise en évidence par la large diffusion des médias, universitaires et politiques d'une crise de l'identité. Définie selon le psychologue Erik Erikson comme