L'identite haitienne
Depuis plus d’une vingtaine d’années, les questions d’identité ne cessent de retenir l’attention des anthropologues, ethnologues, historiens et autres spécialistes des sciences humaines. Le vaste mouvement de mondialisation n’a pas uniquement conduit à l’uniformisation souhaitée et entonnée par ses adeptes, elle a aussi donné naissance à des « sociétés fragmentées » fondées beaucoup plus sur ce que Roger Bastide appelle l’esprit de la demeure close[1] que sur l’esprit d’ouverture. Devant la menace que représente la machine de la mondialisation, plusieurs cultures, pour se protéger, ont dû observer un repli identitaire conduisant parfois à l’extrémisme et au rejet de l’étranger. A l’intérieur même de beaucoup de pays qui ont longtemps privilégié le modèle assimilationniste, on assiste à la formation de groupes à identités culturelles différentes tendant à y introduire le multiculturalisme et à y généraliser le principe d’identité plurielle et de citoyenneté multiculturelle. Un autre motif non moins intéressant justifie l’intérêt de l’Haïtien pour cette question d’identité. En 2004, Haïti célèbre le bicentenaire de son indépendance et beaucoup de citoyens s’accordent à dire que cet anniversaire doit être le prétexte d’une véritable réflexion sur l’Haïtien l’amenant à questionner l’haïtianité pour y dégager son essence et du même coup lui permettre de se comprendre davantage en lui offrant la possibilité de s’amender pour arriver à un « vivre ensemble collectif » ou de continuer dans la voie du chaos inaugurée après 1804 par des dirigeants sans scrupules préoccupés avant tout de leurs intérêts particuliers et du bien être de leur cassette. Cet article n’est pas une analyse menée en profondeur sur la situation et l’histoire haïtiennes. Il n’entend ni saisir comme l’a fait Raph Trouillot dans son intéressant livre, les Racines historiques de l’Etat duvaliérien, les structures qui expliquent la répétition du régime