L'homme, être forgé par l'éducation.
Pour Kant, la discipline est nécessaire à une étape de l’éducation qui précède l’autonomie. Si la Nature prend soin de l’animal, elle laisse l’homme prendre soin de lui-même. Or « comme il n'en est pas immédiatement capable, et qu’il arrive dans le monde à l’état sauvage, il a besoin du secours des autres. L’espèce humaine est obligée de tirer peu à peu d’elle-même par ses propres efforts toutes les qualités naturelles qui appartiennent à l’humanité » (Traité de pédagogie, p. 35). L’état sauvage, ici, se comprend au sens des penchants brutaux qui existent en l’homme et qui menacent de le ramener à la barbarie morale. Kant dit plus bas : « la discipline est purement négative, car elle se borne à dépouiller l’homme de sa sauvagerie ; l’instruction au contraire est la partie positive de l’éducation. » Si « la sauvagerie est l’indépendance à l’égard de toutes les lois. La discipline soumet l’homme aux lois de l’humanité » (Ibid., p. 36). Ainsi l’homme ne serait-il pas condamné à la violence ; par sa faculté de raison il peut s’en délivrer, et pour que cette faculté s’exerce, il suffit qu’elle soit éduquée. C’est là le rôle de l’éducation, et la discipline contraint l’homme à se redresser et à lutter contre ses mauvais penchants.
L’homme est le seul être à avoir besoin de l’éducation précisément parce qu’il est doué de raison, et, contrairement aux animaux, il n’est pas livré à l’instinct. C’est cette faculté même qui demande l’éducation, car, sans instinct, il ne peut se développer entièrement en tant qu’homme. Seule l’éducation, le secours des autres, d’un tuteur ou d’un maître, peut l’aider à développer ses potentialités et à faire de lui un